Quand l'information nous épuise...
L'information... il y a ceux qui ne s'y intéressent pas, ceux qui ne regardent que les gros titres, ceux qui ont le nez plongé en permanence dans l'actualité sur différents supports et sont les plus susceptibles de souffrir de ce qu'on nomme syndrome de fatigue informationnelle. Mais de quoi s'agit-il ? C'est tout l'objet de ce petit livre passionnant intitulé "Quand l'info épuise" signé Guénaëlle Gault, David Médioni et publié aux Editions de l'Aube.
Une information qui tourne en boucle sur les chaines dédiées, des fake news, des directs tournés par des citoyens présents sur les évènements et diffusés sur les réseaux... tout est propice à envahir notre cerveau, de jour comme de nuit, de nouvelles en général négatives. En préliminaire à l'ouvrage, une approche visionnaire du philosophe Edgar Morin dès les années 80, qui évoquait un "nuage informationnel" c'est-à-dire une difficulté à trier l'information et un ressenti fait d'épuisement et le stress. Un phénomène qui s'est accru avec la multiplication des supports.
Le travail, objet de l'ouvrage, a été réalisé conjointement avec les auteurs, l'ObsSoCo, Arte et la Fondation Jean-Jaurès. Le constat est édifiant et préoccupant : 85% des personnes interrogées déclarent avoir l'impression de toujours voir la même information avec une difficulté à retenir quelque chose pour 53% et 49% à se faire une opinion.
Fatigués, certains décident de ne plus regarder à cause de débats souvent stériles ou agressifs et l'impact négatif sur leur moral. Pire, on constate que les plus jeunes, urbains et hyperconnectés souffrent de ce syndrome. Ajoutons à cela que cette fatigue informationnelle nuit à la crédibilité de l'information entre confiance et défiance, est propice au stress, la déprime, la dépression et l'addiction. Le rapport aux médias est devenu négatif et s'est amplifié lors de la pandémie et des confinements dans l'angoisse d'une information ressassée et des polémiques suscitées.
Alors quelles solutions pour les générations à venir, nées avec les outils numériques propices au volume d'informations diffusées et quelle responsabilité des médias traditionnels et sociaux ?
Des pistes à découvrir sont proposées dans cet ouvrage entre éducation, régulation, législation pertinente et responsabilité journalistique. Avec la citation d'Antoine de Saint-Exupéry qui résonne en nous: "La perfection est atteinte non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter mais n'y a plus rien à retirer".
Marie-Hélène Abrond
Publié le 9 juillet 2023
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