Anny Duperey, émouvante au Théâtre de Passy

Anny Duperey joue "Mes chers enfants" au Théâtre de Passy à Paris. Un texte signé et mis en scène par Jean Marboeuf. Un jeu fort pour un style spécifique, le genre épistolaire. Sous forme de lettres donc, elle incarne, tour à tour, une grand-mère, une mère qui fut aussi une épouse et reste surtout une femme.

Deux unités de lieux sur scène, Paris et Ouistreham en Normandie. Un décor mouvant, original, filmé en alternance dans lequel la comédienne se plonge, actrice de son texte et lui donnant vie avec émotion. Et deux enfants Géraldine et Darius, invisibles dans l'histoire qui laissent notre épistolière dans une solitude empreinte de souvenirs.

"Mes chers enfants", c'est le point de départ de chaque lettre dans laquelle elle se confie à eux, du temps passé au temps présent. A Paris où elle vit, c'est la visite du dimanche des enfants, devenus adultes qui rythme ses semaines. Un rite qui laisse place à l'absence du soir et à la distance qui finit par s'installer,  mêlée de gêne, de souvenirs qu'elle voudrait partager avec eux. Elle en est consciente.  "Je sais que je vous casse les pieds. Nous ne sommes pas de la même génération, confie t-elle à la page blanche et au public, son témoin. Votre visite devient virtuelle, ajoute-t-elle. Les souvenirs s'effacent. Ma solitude vous agresse".

De Paris à Ouistreham, elle se décide, en maman résolue, à tenter une nouvelle vie, penser à d'autres rencontres, se reconstruire différemment. Elle se confie: "Le temps est suspendu. Je suis libre de ne rien faire. Le vent me fouette le visage." Sans visite, elle s'interroge: "Que faites-vous des heures que je vous ai rendues ?". Et décide de tout leur dire: sa vie de mère, son existence de femme, les secrets de famille, ses désirs inassouvis, son regard sur le monde extérieur, ses révoltes, sa volonté d'aider aussi.

En confiant ces lettres au public, Anny Duperey émeut, fait rire, sourire et joue sur toutes les facettes de la féminité.  Et nous rappelle qu'une maman est une femme tout simplement !

Un seul en scène original, très actuel et empreint d'humanité, à découvrir sur une musique de Roland Romanelli.

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Marie-Hélène Abrond

Publié le 10 septembre 2022