Gérard Depardieu et Fanny Ardant au cinéma
Toute ressemblance ou similitude ne serait que fortuite, prévenait Georges Simenon en exergue de son livre publié en 1950. "Les volets verts" est sorti cette semaine et c'est Jean Becker qui l'a porté au grand écran. C'est aussi la dernière adaptation de Jean-Loup Dabadie avant sa disparition, il y a tout juste deux ans. Pour incarner les deux héros principaux de l'histoire, Gérard Depardieu et Fanny Ardant sont en tête d'affiche.
Nous sommes dans les années 60/70. Jules Maugin, célèbre comédien (Gérard Depardieu) a 65 ans. Sur scène, il joue "L'illusionniste"de Sacha Guitry avec sa partenaire Jeanne Swann (Fanny Ardant). Mais son médecin est formel. Ses excès de vie doivent cesser. L'alcool, l'existence trépidante de jour et de nuit le condamnent à moyen terme. Le duo à la scène avec Jeanne s'étiole tout comme l'histoire qui les unissait. "Je sais tout de toi. Je vois tout de toi", lui dit Jules. Mais Jeanne est déjà partie.
Dans l'ombre de la scène, la jeune Alice (Stefi Celma), à la discrète admiration mais à la franchise désinteressée lui souffle le texte oublié. Il l'invite à dîner. Elle l'avertit : "Il n'y aura pas d'après. C'est vrai que vous couchez avec tout le monde ?". Le comédien adulé, aux colères redoutées est surpris par cette spontanéïté de regard posé sur lui qu'il ne connait plus, habitué aux flatteries convenues: "Cela te gêne qu'on nous voie ensemble ?", interroge-t-il. "Non et vous ?" lui rétorque-t-elle. Il la prend sous son aile et décide d'adoucir la vie de la jeune femme pour le temps qui lui reste. Donner plutôt que recevoir, accueillir plutôt que faire attendre, Jules s'adoucit et s'éloigne de ce qu'il était.
Devant le mal-être qui l'habite, son ami Félix (Benoît Poelvoorde) lui conseille de quitter la capitale avec Alice dans la maison aux volets verts qu'il a désertée depuis longtemps. Il tente de s'adapter quelques temps à la vie réelle. En vain. Paris l'appelle. Alice sait que sa vie est là et attend son retour...
Chacun saisira le meilleur de ce film agile et au ton juste dont on ne dévoilera pas la fin. C'est tout l'enjeu du cinéma de nous faire vivre des histoires par procuration, grâce aux images, aux dialogues pour aller y piocher ce qui nous est proche, comprendre ou rêver.
Marie-Hélène Abrond
Publié le 27 août 2022
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