Kad Merad
émouvant dans "Un Triomphe"
C'est un film touchant, inspiré d'une histoire vraie qui sera sur les écrans, dès mercredi. Dans "Un Triomphe", signé Emmanuel Courcol et co-écrit avec Thierry de Carbonnières, Kad Merad incarne un comédien en quête de contrat. Etienne, c'est son prénom, n'est pas remonté sur scène depuis trois ans et vit en banlieue. Il trouve un poste de remplaçant pour donner des cours de théâtre... en prison. C'est dans l'univers carcéral que débute l'histoire.
Des portes qui s'ouvrent, se ferment... le regard de la caméra balaie, d'entrée, le réel que croise Etienne, comme une découverte. "On veut faire des sketchs", lui assène un prisonnier, dès la première rencontre. "Je fais du théâtre, pas des sketchs", répond Etienne, tentant de se positionner face au groupe. Tout semble les opposer sur le fond et la forme. Etienne va devoir apprendre à connaître les attitudes de ses apprentis-comédiens mais aussi le fonctionnement de l'univers carcéral qui lui est totalement étranger. Sans rien vouloir savoir des méfaits commis.
Il les découvre donc un à un, prend appui sur ce qu'ils sont pour tenter de créer une osmose qui pourra peut-être les faire devenir une troupe, le temps d'une représentation. Mais le comédien ne dispose que de quelques heures par semaine. La directrice de la prison (Marina Hands) qui souhaite faire entrer un peu de culture dans le milieu carcéral va finir par lui accorder un nombre croissant de volume horaire. Après des fables de La Fontaine montées avec difficulté, sur la scène de la prison, une impulsion est donnée et naît l'idée de créer une pièce complète qui pourrait correspondre à leur vie. Etienne choisit "En attendant Godot" de Samuel Beckett en leur expliquant que leur point commun à tous est bien l'attente, chaque jour. Peu convaincus, ils entrent dans le jeu, entre volonté et découragement au regard de leurs parcours si différents: l'un ne sait quasiment pas lire et rencontre des difficultés d'élocution, l'autre peine à se concentrer tandis que le troisième, un ancien caïd cherche à le manipuler...
Mais Etienne s'est pris au jeu, bien décidé, en metteur en scène, à monter cette pièce. Il demandera six mois à la direction de la prison pour la création sur une vraie scène, hors des barreaux. "Ils font leur Everest", argumente-t-il tandis qu'on lui répond: "On n'est pas au conservatoire". En proie aux doutes, Etienne confie à sa fille: "Ils jouent faux mais sont dans le vrai. Ils seront justes et vrais à la fois."
Ce sont ces six mois de lutte de création jusqu'au succès que nous décrit cette fiction, à l'image de l'histoire vraie du metteur en scène suédois, Jan Jönson qui vécut cette aventure humaine, pleine de rebondissements dont on ne vous dévoilera pas la fin.
"Un triomphe" joue entre le rêve de création et d'évasion à différents degrés, l'envie d'y croire, le choc des réalités et des parcours. Avec une phrase clef du film signée Beckett: "L'humanité, c'est nous".
Marie-Hélène Abrond
Publié le 30 août 2021
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