Les Justes de Marek Halter: un document pour l'Histoire
Le bien, le mal sont au coeur du film-documentaire "Les Justes" signé Marek Halter, sorti il y a tout juste 30 ans et qui sera diffusé sur Public Sénat le 27 janvier à 22h30 à l'occasion du 80ème anniversaire de la libération des camps de concentration nazis. Plus qu'un film, ce sont des témoignages pour l'Histoire aux quatre coins du monde et une réflexion profonde sur ceux qui ont aidé les Juifs à fuir, à les protéger de l'entreprise d'extermination nazie pendant la Seconde guerre mondiale.
C'est cette part d'humanité puissante qui est retrouvée au sein de chaque rencontre avec le ressenti concret de ceux qui ont agi. Et des questions simples posées par Marek Halter : "Pourquoi avoir aidé des Juifs ? Avez-vous eu peur ? Le referiez vous ?"
Le voyage débute en Pologne, à Varsovie, ville natale de l'auteur qu'il a si bien décrite, entre autres, dans son dernier ouvrage "La Juive de Shangai". En quête de traces du passé disparu et de 36 témoins qui avaient tendu la main à ceux qui étaient persécutés, le doute s'insinue forcément dans l'esprit de l'homme de paix au regard du nombre de familles assassinées. Et pourtant...
On découvre Irina Sendler qui a une amie juive au sein du ghetto et qui, avec l'aide d'un ambulancier, réussit à exfiltrer des enfants que les parents ont des difficultés à confier à cette jeune femme inconnue. 2500 enfants sauvés et le sentiment pour Irina de "ne pas avoir fait assez" estimant que "les héros, ce sont les enfants juifs" et non elle. Il y a aussi Soeur Ludovica qui justifie "Tout homme est ton prochain". Et le témoignage de Bertold Beitz industriel allemand qui embauche et protège des Juifs en les faisant sortir du ghetto et met en place un système qui empêche les nazis d'intervenir. "Un acte humanitaire qui pourra être raconté à ma descendance", confie l'homme disparu en 2013.
Les rencontres de Marek Halter sont multiples, diversifiées et c'est ce qui donne toute la richesse à ce film. Des passeurs qui risquent et perdent la vie, de l'aide de chrétiens, qui en dépit du silence du Pape de l'époque ont aidé à protéger en Italie, des pêcheurs exfiltrant du Danemark à la Suède 1300 personnes, de la Hollande à la Belgique en passant par la France et le Japon... les témoignages sur ces gestes de solidarité se multiplient.
Même si la peur de l'occupant nazi est bien présente dans l'esprit de chacun. Car cette peur existait... tous le reconnaissent mais d'autres valeurs souvent transmises par leurs parents ont dominé "On m'avait appris à aider et j'avais de l'audace, un esprit de rebellion" ou encore "L'humanité ne connait pas la peur" et ce qui revient souvent dans les témoignages: "C'est le coeur qui me disait de le faire. On fait ce que le coeur dit de faire".
Le coeur, un mot qui se transmet comme un témoin de vie, geste spontané qui ne demande pas de réflexion ou de longues études universitaires et qui reste sans attente et se traduit juste par des actes.
Des témoignages émouvants à voir pour la Mémoire, l'Histoire et l'avenir.
Marie-Hélène Abrond
Publié le 22 janvier 2024
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