Eric Dupond-Moretti,
de la scène publique à la vie politique.
Au moment de sa création, il y a un an et demi, CulturActu avait publié sa première chronique sur le "seul en scène" que Maître Eric Dupond-Moretti présentait devant la salle comble et attentive du Théâtre de la Madeleine à Paris. Devenu Garde des Sceaux et Ministre de la Justice du gouvernement mené par Jean Castex, nous vous proposons de redécouvrir la personnalité en conviction et le parcours de l'homme.
"L'advocatus, en latin, c'est celui qui prête sa voix à un homme qui n'en a plus". En revenant à la simple étymologie du mot "Avocat", Eric Dupond-Moretti nous invitait pendant deux heures à un plaidoyer pour la justice à travers son regard acéré mais humain sur la société qui nous entoure.
"Nous sommes le fruit de notre histoire". En entrant sur scène par ces mots, Eric Dupond-Moretti, habillé d'une sobriété absolue partage avec son public, sa vie, ses doutes, sa vision de l'évolution de la société, de la justice, des médias. Décor minimaliste. Le ténor du barreau habite, par sa seule présence et la puissance du verbe, la scène et la salle comble.
Sa vocation est née à 15 ans avec l'affaire Ranucci. Rien ne prédestinait Eric Dupond-Moretti à épouser ce métier. Les fées ne s'étaient pas penchées sur son berceau. Issu d'un milieu très modeste, orphelin de père très jeune, une maman ouvrière, un grand-père assassiné, une grand-mère qui sauva des Juifs pendant la guerre... seuls l'amour de ses proches et sa volonté de combattre l'injustice étaient ancrés dans son esprit.
En franchissant toutes les étapes nécessaires à l'obtention de son diplôme et en se glissant dans les prétoires pour "apprendre" l'éloquence, il finit par exercer en parcourant la France de Lille à Marseille en passant par Toulouse où il rencontre l'avocat Alain Furbury qui deviendra son maître à penser, son ami. "Il m'a appris l'irrévérence", lance t'il, ajoutant "Après dix ans d'exercice, je lui demandai le temps nécessaire pour faire un bon avocat... 20 ans, me répondit-il." Un choc qui lui montre le chemin encore à parcourir.
Pour mieux saisir la complexité de son métier qui se heurte à toutes les horreurs et les injustices de la société, Eric Dupond-Moretti explique, de façon concrète et enlevée, la complexité de la Vérité où se mêlent souvent tant de vérités multiples. Il souligne la dictature de l'émotion, dénonçant le pouvoir des médias, des réseaux sociaux, le manichéïsme et la confusion entre les temps judiciaire et médiatique.
Si les sujets abordés par Eric Dupond-Moretti portent, vous l'aurez compris, à la réflexion, les sourires et les rires dus à un comique de situations vécues par l'avocat font mouche.
Présentant des sujets graves comme une plaidoirie, partageant avec les spectateurs, son credo de la justice, il interpelle le citoyen, à travers sa réflexion. Mieux, il l'invite et l'initie à l'esprit critique. Il convainc par sa verve.. et s'il ne convainc pas celui qui l'écoute, il l'invite à analyser les situations. C'est déjà beaucoup !
Marie-Hélène Abrond
Publié le 14 janvier 2019
Modifié le 7 juillet 2020
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