Au festival Le Livre à Metz, lire est un voyage
Du 14 au 16 avril, se déroule le festival « Le Livre à Metz » célébrant la littérature et le journalisme. Une 36ème édition intitulée « Vertiges » qui va accueillir 180 auteurs et 70 évènements. Aline Brunwasser, la présidente de l’association qui organise ces journées, nous parle des temps forts qui s'y dérouleront. Le prix Frontières Léonora Miano, créé par l'Université de Lorraine, ses partenaires régionaux et frontaliers sera remis à cette occasion.
Pourquoi avoir choisi « Vertiges » comme thématique cette année après « Même pas peur ? », l’an dernier ?
A la fin de chaque festival, nous nous mettons en quête d’un nouveau thème pour l’année suivante. Celui-ci est la clef qui ouvre la porte du travail mené sur la programmation. Chacun des membres a ses propres pensées, visions, émotions par rapport à tous les possibles. Mais dans le choix définitif, il faut aussi susciter un désir, des interrogations, une curiosité avec l’idée de donner du sens et permettre de dire quelque chose. Il y a enfin la nécessité de pouvoir décliner ce fil rouge sous de nombreux aspects.
Vous déclinez justement la programmation cette année sur tous les vertiges, le pouvoir, la géopolitique, le climat, l’engagement, l’histoire… Ces vertiges ne sont-ils pas ceux que nous donnent l’actualité ?
Je suis tout à fait en phase avec cette idée. On ne peut pas se lever chaque matin sans ces évènements qui se déroulent dans le monde ou à nos portes. Cela nous interroge, surtout en ce moment, avec l’impression d’être devant un balancier qui va du côté des institutions, du pouvoir et de l’autre côté, dans la rue avec des gens engagés mais aussi des simples citoyens qui ont choisi de s’exprimer. Nous vivons, c’est vrai, une époque assez vertigineuse.
Le festival met en exergue la littérature et le journalisme et crée un lien fort avec la lecture. Mais son atout majeur n’est-il pas, selon vous, l’interrogation sur l’évolution du monde et de ses frontières ?
Le prix Frontières Léonora Miano créé il y a trois ans met à l’honneur les auteurs qui ont pris pour thème le sujet de la frontière dans ses acceptions les plus diverses. A Metz, nous sommes à 50 kilomètres de plusieurs pays et nous voyons les transfrontaliers faire des allers-retours. La vie, c’est de pouvoir sortir au-delà de son périmètre quotidien. Les livres, les fictions et documentaires nous poussent en dehors de notre zone personnelle et nous entrainent dans un ailleurs géographique, mental ou émotionnel. Au festival, nous croisons toutes les écritures du réel, de la fiction souvent imbriquées dans les ouvrages. Nous partons dans un ailleurs et la lecture est un voyage.
Le Festival est partenaire du Prix Frontières Leonora Miano. Il va être remis, cette année à Dima Abdallah pour « Bleu Nuit » et le Prix Marguerite Puhl-Demange à Céline Righi pour « Berline », véritable coup de cœur du jury. Un roman qui raconte le destin d’un ouvrier mineur coincé au fond après une explosion. Qu’est-ce-qui a, selon vous, le plus touché les membres du jury dans cette histoire ?
Je crois qu'ils ont été particulièrement touchés par cet homme, Fernand, qui, enfermé et protégé par sa berline après une explosion, revoit le cours de sa vie. Cette remémoration provoque une forme de renaissance de l’homme taiseux qu’il était, avec son passé difficile et contraint de travailler à la mine. Tous ces épisodes mais aussi la poésie du texte ainsi qu’une très belle écriture ont touché spontanément le jury.
Les associations contre l’illettrisme et l’illectronisme sont aussi au rendez-vous pour une remise de dons. C’est un aspect que vous souhaitez valoriser au sein du festival ?
Plusieurs actions solidaires menées en cours d’année sont soulignées au sein du festival avec, par exemple, les organisateurs de la dictée géante Tatoufo. L’objectif est d’initier, donner le goût de la lecture, de l’écriture. Le Secours Populaire organisera un jeu concours et une action intitulée « Le livre suspendu » sera parrainée par le Crédit Mutuel. Il s'agit d’inviter les gens qui viennent au festival d'acheter un ouvrage qui sera déposé dans une corbeille ensuite redistribuée à Caritas. Ces actions solidaires sont importantes à valoriser.
La transmission va passer également par un retour des résidences d’auteurs ou de journalistes qui se sont investis pendant l’année auprès des jeunes…
Cela rentre dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle. Nous le faisons auprès des collèges et lycées avec des ateliers d’écriture, par exemple et des auteurs qui viennent à la rencontre des écoliers et collégiens. C’est un travail de fond. Toutes ces actions, pendant l’année, ont leur place au festival. Cet évènement littéraire doit mettre en avant les personnes qui ont été accompagnées vers la découverte, la transmission, le partage, l’apprentissage, la rencontre. C’est un édifice collectif qui fait que chacun a sa place.
Le Livre à Metz est mis en œuvre grâce à un vrai travail d’équipe avec de nombreux bénévoles. Comme cela s’organise-t-il ?
Pendant les trois jours, il y a environ 70 bénévoles. Toute l’année, une équipe de trois salariés et un comité d’organisation composé de sept personnes, des retraités, anciens profs, documentaristes, journalistes, travaillent avec la responsable de la programmation … Les membres, tous très investis, pilotent des projets d’accompagnement des ateliers d’écriture et travaillent en proximité avec toute l’équipe. Il y a une véritable osmose entre tous les membres !
En savoir plus sur la programmation ? Cliquez sous ce lien
Marie-Hélène Abrond
Photo Aline Brunwasser: Loraine Adam
Publié le 28 mars 2023
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