Joséphine Baker au Panthéon

Impossible de ne pas évoquer sur CulturActu, l'entrée au Panthéon de Joséphine Baker. Sa photo orne les grilles entourant le monument dédié aux grands hommes depuis des semaines et c'est une femme, une artiste, une résistante, originaire des Etats-Unis qui fait son entrée parmi eux. Un symbole de résistance  qui se servit de son statut d'artiste pour intégrer l'armée des ombres et apporter des informations aux Alliés. Mais revenons sur ce passé dont les medias ont peu parlé: l'arrivée de la jeune fille à Paris, au coeur des années 20, les fameuses années  follesCopie baker

Alors que Mistinguett mène la revue à Paris, la jeune Joséphine Baker, née à Saint-Louis dans le Missouri en 1906 foule le sol parisien en 1925 et respire un air de liberté après avoir fui les discriminations raciales de son pays. 

Après une enfance maltraitée dans le ghetto noir de Saint-Louis, la jeune fille a tenté sa chance à New York dans les années 20. A l’époque, elle danse, fait des grimaces dans un petit cabaret nommé « La Plantation ». C’est là que Caroline Dudley la remarque. Elle cherche alors à constituer une troupe de 25 artistes pour créer ce que l’on appelle, à l’époque, une « Revue nègre » à Paris.

Joséphine Baker va en devenir la mythique danseuse et chanteuse. C’est en septembre 1925, que le Théâtre des Champs Elysées l’accueille avant de rejoindre la scène des Folies Bergères l’année suivante. Elle danse le charleston dans une première partie.  

 

Puis celle qu’on a surnommé la « Venus d’ébène » s’élance, seins nus, cheveux courts gominés et accroche cœur. Une ceinture de plumes puis de bananes orne sa taille pour une « danse sauvage » suggestive. Jean Cocteau devenu plus tard un ami, aurait dit d’elle : «L’érotisme vient de trouver son style ». 

Ses premiers spectacles incarnent de façon caricaturale l’exotisme tel que le voient les contemporains de ces années folles. Il scandalise les uns et enflamme les autres.

Ces spectacles sont aussi l’expression, à travers une Joséphine Baker éprise d’égalité, d’une forme de libération des diktats imposés au corps de la femme, entre corsets et coupes de cheveux d’avant 1914. L’interprète de « J’ai deux amours » qui entrera en résistance, pendant la Seconde Guerre mondiale avant d’adopter douze enfants abandonnés du monde entier pour en faire une tribu arc-en-ciel, va se produire sur les scènes en meneuse de revue. Pantheon

Elle popularise le charleston et l’une de ses variantes, le black-bottom et ses pas sautillés en avant et arrière, seul ou en duo. Le jazz entraine l’apparition d’autres danses comme le foxtrot,  plutôt lent qui donnera naissance au quickstep plus rapide et dynamique.

La mode vestimentaire, elle, suit le style de ces danses nouvelles pour les Français. Ce qui marquera à l’époque avec Joséphine Baker, c’est son côté « garçonne ». Certaines femmes l’adopteront et des hommes en accepteront l’évolution, Joséphine Baker, elle,  continuera d'incarner cette liberté féminine toujours d'actualité.

Texte et photos

Marie-Hélène Abrond

Publié le 30 novembre 2021

Ajouter un commentaire