Olympe de Gouges, plus vivante que jamais
Elle fut longtemps la grande oubliée de la Révolution Française. Peu de livres scolaires évoquaient la personnalité d'Olympe de Gouges. Reconnue aujourd'hui comme pionnière du féminisme, elle occupe une place de choix dans l'Histoire. C'est son destin hors du commun que la comédienne Céline Monsarrat incarne, seule en scène, au Théâtre Lucernaire jusqu'au 8 octobre dans une pièce signé Joëlle Fossier-Auguste.
En une heure, dans la lourde ambiance de la Conciergerie et à la veille de sa condamnation à mort, Olympe de Gouges se souvient des évènements de sa vie singulière qui ont fait d'elle une femme libre. Née en 1748 à Montauban sous le nom de Marie Gouze, sa mère Anne-Olympe Mouisset, fille d'un artisan-drapier épouse, alors qu'elle est enceinte, un boucher pour échapper au statut de fille-mère. La petite Marie a toujours rejeté cette paternité, son père étant, selon elle, Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, un homme de lettres. Pour fuir sa famille peu préoccupée de son éducation - elle ne maitrise pas l'écriture- elle se marie à 17 ans, accouche d'un fils avant de devenir veuve et de partir pour Paris.
La future Olympe de Gouges est bien décidée à devenir écrivain. Ses amitiés, sa vivacité d'esprit lui font intégrer les salons où fusent les idées des Lumières. La liberté est son credo. Liberté pour tous et liberté pour les femmes qui sont les grandes oubliées de l'époque. Elle admire Rousseau, écrit des pièces engagées dont l'une qui dénonce l'esclavagisme et est au programme de la Comédie française. Olympe dénonce les injustices et en 1789, en contrepoint de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen qui n'évoque que les hommes, elle écrit la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791.
Elle y prône l'égalité, la liberté, le droit des femmes à accéder à l'éducation, l'emploi, la politique. Un plaidoyer, dans lequel elle demande la création de maternités, d'orphelinats, de maisons de repos pour les aînés, de foyers d'accueil pour les mendiants, du contrat civil entre concubins et du libre accès à la recherche de paternité. Des idées modernes, si modernes que le tribunal révolutionnaire la condamne à mort pour, entre autres, "avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe".
Emouvante, Céline Monsarrat, mise en scène par Pascal Vitiello incarne avec sensibilité cette héroïne qu'il ne faudra jamais oublier. Une pièce à découvrir.
Marie-Hélène Abrond
Publié le 6 septembre 2023
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